Maxime est venu me voir avec Phèdre, de Racine. Il m’a dit : notre spectacle, ce serait l’histoire de quatre acteurices qui veulent monter – écrire – réécrire – adapter – transmettre – jouer Phèdre. Mais il a ajouté que ce ne serait pas seulement cela. En riant, il m’a dit « ne jouons pas Racine, prenons nous pour Racine ». Et c’était sérieux. On a créé Retrouvée ou perdue, à partir de notre souvenir de Phèdre en 2020. Dans ce spectacle, Maxime a composé de nombreuses chansons, en capturant des bouts de textes, en isolant un ou deux vers ; il les a répétés, bouclés, chantés. Il voulait donner la possibilité à cette poésie d’exister en dehors de la pièce, de sa narration, d’être un monde en soi.
Ces chansons, nous les avons réunies dans un album qui s’appelle Dieux que ne suis-je assise à l’ombre des forêts . Et cet album nous a donné envie de créer une petite forme pour accompagner le premier spectacle. Une proposition itinérante, musicale, légère, qui pourrait s’inviter partout et avec laquelle nous pourrions partager notre enthousiasme pour la poésie dans un cadre plus intime. Donner à entendre autrement ce monument de notre littérature classique qui parfois peut faire peur, qui nous est à la fois familier et étranger. Dans ce spectacle, nous sommes deux. Maxime joue en live les morceaux, et moi, je vous livre un peu de notre cuisine, je vous raconte l’histoire intime d’une création à travers la grande histoire de Phèdre. Dans ce spectacle, on chante, on arrache les pages de commentaires des livres, on oublie les notes explicatives, on écrit sur les murs, on s’arrête sur un alexandrin, on l’écoute, on le fait sien, et on repart en fredonnant tout simplement des mots écrits il y a 346 ans.